Au delà du dépassement des conflits

Les histoires intéressantes ou importantes portent toutes sur le dépassement d’un conflit ou d’une opposition qui, pendant l’aventure, devient structurante, créatrice d’« identités ».

Deux lectures recommandées pour approfondir ce thème…

  • Sur la question « Comment des groupes humains se constituent en société ? » : Maurice Godelier. Au fondement des sociétés humaines. Ce que nous apprend l’anthropologie. Albin-Michel 2007. 296 p.
  • Sur la construction d’histoires : Robert McKee. Story. Contenu, structure, genre. Les principes de l’écriture d’un scénario. Dixit Esra. 2009 416 p.

Mais c’est le « et après ? » qui m’importe.

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Après, c’est la fin de l’histoire

  • du conte de fées (ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants),
  • de l’ennemi ou de la guerre (victoire décisive, communauté européenne, Francis Fukuyama),
  • ou la réussite (généralement posthume) de l’artiste, du chercheur ou de l’entrepreneur.

Fin de l’histoire, donc du conflit, donc des héros, effacement des personnages, délitement de la famille, de l’entreprise, du peuple.

Passé le moment du triomphe, le succès crée un manque, donc un désir de répétition (qu’on l’interprète comme compulsion freudienne ou addiction). Ce qui était salvateur devient autodestructeur, le conflit qui était autrefois dynamisant est maintenant inutile.

Collectivement, c’est là que nous en sommes (d’où le dérèglement climatique anthropogène et la notion d’effondrement).

Conclusion : pour dépasser les conflits, c’est l’après qu’il faut voir, au-delà des histoires d’avant.

Cet après ne peut commencer par le conflit lui-même (nécessairement passé) ni par la résurrection des identités défuntes (même raison).

Il faut donc l’aborder à partir d’un inventaire des ressources, des besoins, des hypothèses d’ajustement et la composition progressive de nouvelles identités à mesure que de nouveaux conflits structurants s’imposeront.

Un tel « après » ne peut cependant advenir en complète rupture avec le passé. Il naît dans ses décombres. Ses œuvres composent avec les ruines environnantes et les vies qu’il sème s’emmêlent aux vieilles pousses.

Comment vivre, autrement certes mais avec ce qui subsiste d’hier ?
Tel est l’enjeu.

Que Mallarmé me pardonne mais…

Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui
[Ne saurait] déchirer avec un coup d’aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui !

N.B. Merci à Dominique Christian de m’avoir relancé sur ces thèmes qui me sont chers.

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