Avatar 2, l’alibi écologique aux hyper-techniques de domination

Avatar 2, la voie de l’eau (le film de James Cameron)

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Le film est techniquement époustouflant : tout y est imaginaire mais semble réel et d’ailleurs en relief, au-delà du vrai de cinéma) et c’est bien raconté (dans la catégorie film d’aventures et d’action).

Je me suis surpris « accroché à mon fauteuil » comme si la suite de la séquence m’importait alors que je n’aimais pas le film.

Dans Avatar 2,  j’ai surtout vu un film de guerre qui cible les adolescents, les vrais qui vont au cinéma en bande (avec les filles) et les attardés (qui jouent les gros bras, à la caserne ou dans la rue).

La communication du film met en avant l’écologie et l’interdépendance entre toutes les formes de vie. C’est un mensonge.

Si étonnantes et (sur)suréalistes que soient les images de paysages flottants et de slaloms amphibies — vite convenues comme ont pu l’être autrefois les girafes en feu, les femmes à tiroirs et les tigres volants de Salvador Dali — ce qui frappe est ailleurs : ce sont les armes et l’hyper technique, l’écrasante avancée d’énormes blindés sur terre, sous l’eau et dans les airs, la prolifération des véhicules et les explosions un peu partout.

Peurs fascinantes et plaisir de faire peur, puissance des machines, ivresse de la vitesse, des chocs et des flashs, Avatar poétise la guerre. À travers la brume, les feuillages, les coraux, au bord des vides et à la veille d’ascensions radicales, on s’envole l’arme au poing, mais c’est une arme à répétition comme en rêvent les solitaires malaimés, les tueurs de collège, les proud-boys du Grand Ouest et les néonazis du Grand Est.

On chante ici l’épopée du massacre, l’innocent massacre de l’autre espèce, et cette ignominie est toujours couverte par le même alibi : la protection de la famille et du clan, le courage de résister, le sacrifice pour autrui et, face à la traîtrise, l’obstination impitoyable.

De tels appels au meurtre ne devraient pas avoir droit de cité mais la ruse qui permet de contourner l’indignation, on la connaît depuis longtemps (les croisades, les guerres aristocratiques, les westerns et même les grandes guerres) :

  • chez nous, on suit les ordres et on se débrouille pour faire son devoir malgré tout ;
  • et, chez eux, c’est-à-dire chez ceux qu’en général on écrabouille comme des punaises, on distingue de nobles ennemis.

S’ils font la guerre, c’est qu’ils y sont forcés. Alors nous, forcément, on réplique.

Le respect proclamé pour l’ennemi d’en face sert à dissimuler que notre guerre, elle, a toujours été une guerre de choix, et elle le restera jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’on ait écrasé la vermine !

Peu importent les intentions de James Cameron, la sensibilité d’humaniste et d’écologiste qu’il peut avoir à titre personnel, dans ce film et (tout le donne à penser) dans ceux qui vont suivre, deux motivations surdéterminent son œuvre : la volonté d’épater (pour laquelle il faut beaucoup d’argent et d’ingéniosité) et la volonté de faire de l’audience (à la mesure de l’énorme investissement de départ).

Le cœur de cible étant fourni par les moins de 20 ans technophiles, on a mit le paquet sur les armes. Le reste (les montures rapides, les véhicules toujours à portée de main, les messages sur la famille, le père protecteur, la mère aimante, les adolescents désobéissants mais finalement compris dans leurs élans désordonnés, la philosophie attrape-tout du grand tout aquatique), ce reste proliférant n’est là que pour « noyer le poisson » : la critique parentale, les ligues de vertu et les filles bien-pensantes de la bande.

C’est donc une affaire entendue, on ira, ils iront tous et ce sera bientôt la plus grande série du cinéma, en tout cas pour le nombre de spectateurs.

Plus grande que la dernière ? Sans doute. Comment s’appelait-elle déjà ? La guerre des étoiles !

En effet. Une autre histoire de guerre, y’a que ça qui marche.

C’est l’époque qui veut ça……

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