Vieux frères et vieilles sœurs, nous sommes la part humaine de la mémoire du monde.
Les plus fragiles d’entre nous s’inquiètent de devenir Alzheimer mais nous, les plus solides, si nous ne transmettons rien…
Si nous ne récapitulons pas le savoir accumulé sur nous et les générations dont nous gardons le souvenir…
Si, légères et plaisantes girouettes, nous nous laissons porter par l’air du temps, les propagandes du moment, les rumeurs et les slogans publicitaires…
Si nous, mémoires irremplaçables pour ceux qui suivent, nous n’enregistrons pas ce qui vaut d’être noté…
Si, sans en être conscients mais radicalement irresponsables parce que, socialement marginalisés, nous consentons à l’idée que leur avenir n’est pas notre affaire (bien sûr, nous serons morts avant)…
Eh bien, si ! justement ! C’est notre
à faire
…
mais autrement qu’on croit :
leur avenir, nous le faisons.
Grands-parents que nous sommes,
nous qui avons si longtemps été des baby-boomers…
Ayant été les pionniers de la souris et de la télécommande,
nous nous souvenons aussi d’avoir eu….
– des moments de lecture, de recueillement, de silence,
– des familles en danger, parfois détruites puis recomposées
– de longues intimités, des papiers de famille,
– des portraits d’ancêtres sur nos murs
– et des livres dans nos bibliothèques…
C’était un temps où le passé était autour et l’avenir dans nos têtes
mais cet avenir qu’en savions-nous ?
Pourtant, de ce qui nous a précédés, de ce qui nous a faits,
donc de ce que nous sommes,
oui, nous nous souvenons…
Alors, ne jouons pas les amnésiques pour rester dans le vent.
Ce serait programmer…
non plus la cohorte pessimiste des post-soixante-huitards,
ni celle gadgétisée des millenials,
mais la suivante, la zappeuse tik-toquée :
la génération Alzheimer !