Koulbak et les arts de la révélation

Avec Mandelstam, Victor Koulbak affirme qu’il n’a « jamais été le contemporain de personne ».

Mais alors, de quel temps est-il ?

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Les Anciens vivaient dans un monde sans photos où les représentations étaient rares : quelques images, quelques statues, des mosaïques, des reliefs, des frises. La rencontre qu’on avait avec elles était exceptionnelle et ritualisée. Miraculeuse, elle découvrait ce que l’on n’avait jamais vu mais qu’on reconnaissait comme le premier portrait d’une personne aimée, révélation parce qu’ouverte à la contemplation alors que, jusque-là, cette image ne faisait que passer.
L’artiste, en l’élevant hors du temps, la manifestait comme vérité vivante, inspiratrice de sentiments et d’idées, avènement solennel de beautés qui sont le secret du monde.

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Les arts de la révélation furent célébrés comme divins de l’Antiquité jusqu’à la Renaissance, et sanctuarisés sous peine de sacrilège dans le temple ou l’église. Ces œuvres devinrent des possessions à mesure qu’elles se multipliaient.
Elles avaient été ici-bas des manifestations de l’au-delà.

En entrant dans des collections royales, princières puis bourgeoises, elles ne manifestèrent plus que la hauteur de vue et la culture de leurs propriétaires. Aujourd’hui, la richesse et la notoriété en tiennent lieu.

L’image a pris le pas sur l’expérience et la nature, le bruit a fait taire le silence, et la vitesse émiette infiniment l’éternité.

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Les arts de la révélation ne sont donc plus qu’un refuge intime, hors des foules et de l’agitation.
À ceux qui les aiment, ils ouvrent une fenêtre intérieure vers ce qui est de toujours.

Voilà ce que j’aime dans l’art de Victor Koulbak.

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Exposition Koulbak. Galerie Berès. 25 Quai Voltaire, 75007 Paris
(Vernissage le 17 novembre 2022)

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