Le Capitalisme ou des oligarchies ?

François Bégaudeau parle clair. Agrégé de lettres qui a été prof et qui est aujourd’hui écrivain multicartes, il se situe dans « la gauche radicale », à la croisée de l’anarchisme et du marxisme.

Sa définition de la gauche a retenu mon attention.width=
« Être de gauche, c’est… penser que le capitalisme est fondamentalement destructeur et qu’il n’est pas amendable. Si vous considérez que le capitalisme est amendable, reformez le parti socialiste et puis amendez-le, puis perdez et ridiculisez les classes populaires une nouvelle fois. Non, le capitalisme n’est pas amendable. Est-ce que pour autant il est révolutionnable, est-ce qu’il est dépassable ? C’est une question mais je suis sûr qu’il n’est pas amendable. Il mènera à la destruction qui est incluse dans son programme. »

Source : Entretien Thinkerview du 18 février 2019. François Bégaudeau : Gilets Jaunes, Populisme, Bourgeois ? (circa 29’ et s.)

J’objecte à cela que « le capitalisme » est une notion abstraite, un objet imaginaire, un sac fourre-tout dans lequel on associe nombre d’acteurs et de mécanismes sociaux d’une hétérogénéité telle que toute analyse politique à son propos est inefficace ou contre-productive, comme le sont, sur le terrain moral ou religieux, les analyses qui prétendent combattre le mal, le vaincre ou limiter son action.

Il est vrai cependant que cette hétérogénéité « du capitalisme » apparaît en deux endroits chez François Bégaudeau.

1) Lorsqu’il fait l’éloge de la notion de « communs ». S’il est « des communs » qui, comme la santé par exemple, ne doivent pas ou ne devraient pas être « merchandisés », cela veut dire qu’il est aussi des « non-communs », à traiter différemment, ce qui, pour certains de ces « non-communs » peut impliquer l’échange marchand.

2) Lorsqu’il note, à propos de l’écoute musicale, qu’un jeune punk peut déceler dans un disque promu et véhiculé par la machine capitaliste un « moment-faveur » (François Nicolas) qui, pour lui, est en excès par rapport au monde que, nolens volens, il habite. Cet excès est alors pour lui une liberté ouverte par la machine même (« capitaliste ») qui, pour le reste, l’opprime.

J’en conclus que François Bégaudeau ne s’est pas soucié de mettre en cohérence…

a) des modes de raisonnement binaires hérités du marxisme, auxquels il reste attaché pour des raisons qui tiennent à son parcours, et…

b) certaines des idées qu’il capte (celle des « communs » par exemple) et des observations qu’il fait (dans l’écoute de la musique punk par exemple).

Ma thèse ?

Abandonnons les formulations qui donnent à penser qu’il existe UN capitalisme : Le Capitalisme.
Reconnaissons, étudions et approfondissons notre compréhension des multiples phénomènes « oligarchiques » qu’on entasse grossièrement dans le mot-valise « capitalisme » et, pour ceux qui nous semblent les plus destructeurs, essayons de concevoir et mettre en œuvre des alternatives préférables.

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