Notre devoir d’être des garde-fous pour autrui

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Olivier Maire – Emmanuel Abayisenga

Merci à Cécile Murray pour cet utile et touchant témoignage sur Emmanuel Abayisenga, cet immigré inconnu (comme le soldat du même nom) avant que, lamentablement, il s’affuble des qualificatifs indélébiles d’incendiaire et d’assassin.

Les traumatismes personnels et la destruction des entourages rendent fou. Nous produisons de tels fous, tous les jours dans les pays que nous martyrisons, en quantité industrielle comme les armes dont nous faisons parade.

Ces victimes, notre but n’a jamais été de les sauver mais de nous en débarrasser. Quelques rescapés abordent à nos rives mais – fous d’ailleurs ou d’ici – c’est pareil : nous ne savons qu’en faire. Les exigences de la vie « normée » (celle que l’on prétend normale ) ne sont pas faites pour les grands blessés ni les handicapés, physiques ou psychiatriques.

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Faire ou pas faire quelque chose pour eux ? Si l’insertion semble à portée, c’est un pari qu’on peut tenter. Au-delà, on entre dans l’inhumain.

Cet inhumain à deux formes : la violence du « malheur aux vaincus » (le « vae victis » du chef gaulois vainqueur de Rome) et, pour ceux qui s’y refusent, le sacrifice.

Cette distinction n’avait pas cours pour Olivier Maire, ce prêtre montfortain qui recueillit Emmanuel Abayisenga à sa sortie de prison après l’incendie de la cathédrale de Nantes. Disciple de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, il se voulait être « esclave de Marie ».

Politiquement, cet assassinat n’est qu’un fait divers.

Comme toutes les catastrophes, celle-ci s’est produite à la rencontre imprévue de processus aberrants indépendants :

  • les massacres du Rwanda,
  • la destruction administrative d’un immigré,
  • l’ivresse sacrificielle d’un bon prêtre,
  • l’irresponsabilité collective de nos institutions.

 De telles coïncidences surprennent. Faute de pouvoir les empêcher, que faire pour les rendre improbables ?
Traiter séparément, mais à fond, les formes de folie (quatre ici) qui interfèrent.

C’est peu probable, direz-vous ?

Oui mais, à la longue, elles se joindront et la violence de la déflagration, si prévisible pourtant, sera incalculable.

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