Reprendre confiance…

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Avec ces guerres partout, l’on est tenté de prendre parti, c’est vrai mais, si vous « condamnez » l’un ou l’autre, je vous demande : quel est votre projet ?
S’il est de l’ordre d’un « vivre ensemble », la guerre, la violence, la peur et la rage, l’indignation même sont hors-sujet.

Me direz-vous alors que vous êtes pour la non-violence ?
Soit, mais la non-violence est une arme, pas un projet.

Oui, une « arme », parce que l’opposition non-violente cible les contradictions du pouvoir pour mettre son rôle en évidence dans les désordres du moment.
Dans l’arsenal de la communication de combat, la non-violence a sa place, avec la propagande, les fausses nouvelles, la vaine affirmation de droits auxquels personne ne croit, les négociations piégées, les opérations sous fausse bannière, les postures moralisantes et même le terrorisme qui, médiatiquement, lui fait pendant.

Si le « vivre ensemble » est votre projet, pour vous, pour les vôtres et pour tous ceux qui veulent s’y associer, ne vous laisser pas distraire par les obstacles et les tentations : cela vous mènerait à l’échec.

Qui conduit vite sur une route de montagne fixe les yeux sur la route, pas sur le ravin.
Celle du « vivre ensemble » est escarpée…

Juger autrui est une distraction mortifère : votre attention porte sur ce que font les autres alors qu’à cet instant, vous avez fort à faire.
Doutant de tout comme un voyageur perdu, n’hésitez pas dans le virage.
Pour vous, votre véhicule et tous vos passagers, ne risquez pas l’abîme.

Si vous déclarez quelqu’un coupable, vous vous engagez à lui infliger une peine proportionnelle et compréhensible par tout son entourage.
Même surgie dans l’émotion, cette parole n’en est pas moins performative et c’est vous qu’elle condamne.
Vous n’avez plus maintenant le choix qu’entre le ridicule (si vous ne faites rien) et le crime (si vous tenez parole).
Oui, le « crime » car, si vous mettez votre menace à exécution, elle déclenchera une suite d’actions et réactions destructrices qui, même déguisées en respectables « sanctions », auront le destin fatal d’une criminelle vendetta.

Certains d’entre vous seront immédiatement sensibles à ces arguments.

D’autres ne le peuvent ou ne le veulent pas : ils se sentent des devoirs à l’égard de tel ou tel parti dans les conflits d’aujourd’hui et se croiraient trahir s’ils ne condamnaient l’autre.

Je comprends qu’ils se veuillent fidèles aux engagements qu’ils ont pris.
Mon but n’est pas ici de les inciter à la trahison mais, puisqu’en ce temps l’on condamne à-tout-va et l’on incite au pire (souvenez-vous de la réaction des États-Unis après 9/11), je veux simplement témoigner que, plutôt que de se compromettre au nom de l’urgence, il est possible de rester fidèle à ce qu’on croit.

Quand les faits nous échappent, tenons-nous à nos engagements.
Les miens sont d’œuvrer pour le bien des personnes et des causes pour lesquelles je peux quelque chose.
Mon offre est de nous y associer pour nous en réjouir, en étendre l’espace et y inviter autrui.

Épouse, enfants, amis, partenaires, voisins me riraient au nez si je leur présentais un « non-projet de non-violence » et ils auraient raison.
Ce serait complètement hors-sujet.

Tout part de la confiance entre nous et c’est en elle que la route se déploie.
Cette déclaration de confiance réaliste est chez moi un engagement existentiel.
Je la fais donc à tout le monde et, pour ceux qui hésitent, j’en fais une question.

N.B. J’en parle ailleurs comme proposition d’établir des relations de concordance

Le 10 septembre 2023, je me suis même amusé à poser cette question à Bing ChatGPT :
« La paix en Europe est nécessaire au bien-être de la France et des Français. Un tel accord sur les modalités du vivre ensemble doit se faire en confiance.
Celle-ci n’existait pas ou a été trompée. Comment la rétablir
?

De cette réponse, j’ai fait part à mes correspondants.
Leurs réactions m’ont déçu. Elles parlaient non du sujet (les conditions de la confiance en Europe) mais des limites de l’intelligence artificielle. C’était plus drôle et plus facile.
Je me suis reproché leur distraction : en plaisantant, j’avais versé dans l’ambiguïté.

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Revenons donc à l’essentiel
Reprenons confiance et recentrons-nous sur la conduite : ne laissons plus les émotions, les injonctions, les informations nous distraire.
Il n’y a d’autre route à suivre qu’un projet que nous puissions avoir en commun, celui d’un vivre ensemble dans l’espace de ce que nous pouvons.

Projet collectif, il part de la confiance.
D’où la question que je pose à nouveau : comment rétablir la confiance à chaque niveau de l’action collective ?

C’est notre vie. Où voulons-nous aller ? Reprenons le volant.

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