Ukraine, qu’y fait-on et qu’en attendre ?

La guerre d’Ukraine est une croisade. Elle se terminera comme les précédentes, par des haines éternelles, en laissant des tâches indélébiles sur chacune des causes qui s’affrontent.
Les marchands d’armes en profitent. Pour eux, la guerre n’est que travaux : pendant l’horrible bataille, la vente continue, belle comme les gains annoncés, plutôt que la paix. Les déclarations des belligérants ne laissent aucun doute là-dessus.
Biden, Zelensky et la cohorte des pays « otanisés » n’envisagent d’autre issue que « la victoire ». Quant à Poutine, il dit et répète qu’il veut redéfinir les relations entre la Fédération russe et l’Occident, mais l’Ouest n’y voit qu’une menace supplémentaire.
À s’en tenir à ces prémisses, il ne resterait que deux options « rationnelles » : la montée aux extrêmes ou la guerre perpétuelle…
Deux formes d’autodestruction.
Comment est-ce possible ?


Dans un conflit à mort qui peut nous emporter, on est tenté de se dire étranger à la folle interaction des grands délirants et des petits cons qui font l’histoire mondiale.
Mais méconnaître ainsi que l’autre (le « méchant » ou l’un d’entre eux) puisse avoir ses raisons, c’est s’interdire de comprendre.
Traiter l’autre de « fou », c’est faire soi-même le « fou », tuer toute possibilité de dialogue et d’action bienfaisante. En péril extrême, on ne saurait faire pire.
Nous voici donc devant l’énigme : la paix seule est raisonnable mais la guerre continue.
Sous la folie destructrice des belligérants, il doit donc y avoir des raisons et, puisque nous ne les voyons pas, elles sont d’un autre ordre.

Lequel ?
Non pas l’ordre « réel », ou plutôt l’insupportable « désordre » des hommes, des biens et de l’argent absurdement perdus…
mais l’autre, l’imprononçable « surréel » en action dans ce temps.
Acceptons-le pourtant…
Ce qui nous saisit n’est pas une guerre mais une « croisade »,
un affrontement « religieux » entre « vérités » éternelles incompatibles :

Démocratie éternelle vs Russie éternelle vs Ukraine éternelle.

Une telle prise de conscience fournit immédiatement des précédents utiles pour concevoir l’impensable paix dont nous avons besoin.
Celui-ci par exemple : la cinquième croisade (1217 – 1221).

Abordons celle-ci par un détail bien connu en Occident : la rencontre entre François d’Assise et le sultan Al-Kamil.

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Le pape Innocent III (1198-1216) avait ordonnée cette croisade en 1215 mais elle ne fut lancée qu’en 1217 par son successeur et cousin, le pape Honorius III (1216-1227).
Le but était de défaire le sultanat d’Égypte et d’échanger les territoires conquis contre ceux qu’il contrôlait à Jérusalem.
Depuis septembre 1218, les décisions stratégiques sont prises par Pélage, l’intransigeant légat du pape. Les croisés prennent Damiette mais le sultan Al-Kamil les met en échec.
C’est dans ce contexte que Pélage, sans y croire, autorise la démarche de François auprès du sultan.
Leur entrevue s’étend sur quelques jours, début septembre 1219. Les points de vue qui s’y confrontent sont représentatifs de la problématique des croisades.

Saint François aurait dit en substance au sultan :
« Puisque ton camp et le mien s’entretuent — ce qui, à toi comme à moi, fait horreur — et puisque, l’un et l’autre, nous reconnaissons qu’il n’y a qu’un seul Dieu, vivons comme les frères que nous sommes devant Lui.
Fais donc la paix avec moi et les miens : deviens chrétien.
Notre paix, la paix que Dieu nous offre, s’étendra sur toute la Méditerranée ! »
Le sultan lui aurait répondu par la proposition inverse :
« Pourquoi toi au contraire n’embrasserais-tu pas l’islam ? »
Foi contre foi, l’équilibre était parfait, on n’en sortirait pas.

François sortit alors sa carte maîtresse : le martyre.
Aussi illuminé que son compagnon (le frère « illuminé » appelé ainsi parce qu’après avoir été aveugle, il avait retrouvé la vue), il proposa l’épreuve du feu devant les musulmans pour les convaincre de sa foi.
Le sultan leur répliqua qu’il avait autour de lui un bien plus grand nombre de croyants prêts à donner leur vie pour leur foi, et le débat s’arrêta là.

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Revenons en Ukraine et voyez le parallèle…

  • Zelensky (moderne équivalent de ce que fut l’intransigeant cardinal Pélage dans la cinquième croisade) ne compte pas les hommes qu’il lance à la mort pour prouver sa foi dans l’Ukraine éternelle.
  • Le sultan Poutine lui réplique qu’il en a bien plus qui sont prêts à mourir pour la Russie éternelle.
  • Enfin, dans le brasier ukrainien, le pape Biden pousse aux reins son légat Zelensky sur lequel il jette à foison de l’argent et des armes, tout en faisant lourdement pression sur la « communauté internationale les pays libres » pour l’aider au démantèlement complet des périls asiatiques, but ambitieux mais glorieux : il n’est rien moins que l’établissement du royaume universel de la démocratie éternelle washingtonienne !

La cinquième croisade fut un échec, de même que les suivantes. Voyons comment. Il se pourrait que cela nous éclaire sur les facteurs à prendre en compte dans le présent conflit et ses suites.

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