Zelensky a cassé son vélo… et l’Ukraine

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Yuval Noah Harari se réjouissait le 28 février que Poutine ait, disait-il, « perdu sa guerre »

Le 1er mars, Bruno Le Maire déclarait que la France et l’Union européenne allaient « livrer une guerre économique et financière totale à la Russie », dans l’objectif assumé de « provoquer l’effondrement de l’économie russe ».
Qu’il soit revenu en arrière depuis en parlant diplomatiquement de « stratégie de désescalade », devrait sauver sa carrière mais ne trompera personne.

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Dans une guerre, tous les combattants sont des perdants (dans celle-ci, même si elle se termine vite et « bien », ce sera la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, les pays limitrophes, l’Europe) mais pas ceux qui les actionnent de loin.

Aux États-Unis comme le souligne Michael Hudson, ce sont les Sénateurs et Représentants mandatés par ceux qui les financent…

  • complexe militaro-industriel (pour les fabricants et les marchands d’armes, c’est Noël),
  • exploitation d’énergies fossiles (on a trop à faire tout de suite pour se soucier du long terme),
  • finance internationale (dans les secteurs préservés, l’argent pleut plus vite que les bombes).

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A ceux qui, malgré tout cela, s’intéressent à l’Ukraine, proposons cette image de l’héroïque « serviteur du peuple » qui, sous prétexte de réaliser ses rêves, a cassé plus que son vélo : son pays.

Ce qui était drôle et libérateur, dans le chacun-chez-soi de quelques soirées télé, s’est révélé suicidaire quand l’action politique a tenté de « changer la vie » en donnant une forme définitive aux émotions privées.

Le résultat est dramatique :

  • Pour Zelensky, il n’y a pas de négociation possible sur la souveraineté ukrainienne.
  • Pour Poutine, il n’y en a pas sur le rattachement de la Petite Russie (l’Ukraine) à la Grande.

Ainsi la comédie est devenue tragédie.

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La presse nous a dit comment Zelensky est devenu président.

De là à comprendre comment cet homme sympathique, rusé, entreprenant, a pu tomber dans ce piège où désormais plusieurs générations vont sombrer, il y a un pas émotionnel et sensible qu’il nous est possible de franchir en visionnant « rétrospectivement » la série « Serviteur du peuple ».

Je vous recommande d’en regarder au moins quelques épisodes, et plus si affinités.

La série est désormais reprise un peu partout.

Pour la France, elle est aujourd’hui disponible sur Arte Replay :

J’y suis entré par sympathie pour les Ukrainiens. Avec eux, mettant le présent de côté, je me suis amusé et questionné sur ce qu’il faudrait faire pour que le monde soit mieux.

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Le scénario est intelligent, malin, entrelardé de gentils gags, parmi lesquels les rêves agités de l’apprenti-président (j’ai pensé alors aux visions de « notre » Jeanne d’Arc, autre héroïne catastrophique devenue la prophétesse d’un « patriotisme » anachronique).

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La sauce est relevée de jolis moments de bravoure. Ils m’ont rappelé la péroraison de James Stewart dans « Mr Smith au Sénat » (Mr. Smith Goes to Washington), mais, contrairement à Volodymyr Zelensky, James Stewart a sagement refusé toute entrée dans la carrière politique.
On peut également penser, sur un mode plus dramatique, à la grande tirade de Charlie Chaplin dans « Le dictateur ». Le grand Chaplin a voulu peser sur le cours des événements. Comme on sait, ce fut sans effet et mal lui en a pris.

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J’ai vu d’une traite 6 ou 7 épisodes. Je regarderai les suivants (il y en a 23).

Puis je prendrai du recul sur la partie « people » de la crise ukrainienne.
Comme ailleurs, elle est décorative. À ce niveau, on détaille l’anecdote mais on n’explique rien.
Les vraies raisons sont ailleurs, plus durables, plus profondes, en partie dans les explications de Michael Hudson données plus haut.

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