Michel Laurent Dioptaz (l’ami Laurent)

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22 ans

[Ma déclaration lors de ses obsèques, le 16 juillet 2013]

Il y a d’abord le bel homme, le bon géant aux larges épaules, le Laurent que j’ai découvert il y a 45 ans ‐ nous avions à peu près 22 ans l’un et l’autre ‐ « Laurent » puisque c’est ainsi qu’il s’était présenté et que je l’ai toujours appelé : Michel Laurent Dioptaz.
D’autres l’ont connu différemment.
Je vous parlerai, moi, de Laurent dans le souffle de la parole puisque je suis un homme de langage et qu’il était un bavard intarissable (moi aussi), ce Laurent que j’ai aimé, vif‐esprit, très inventif et toujours aimable.

Ce Laurent séduisant avait déjà derrière lui tout un parcours personnel qu’il m’a découvert avec le temps car il a marqué tout son rapport au monde et toute son œuvre.
Il avait appris à vivre auprès d’un père paralysé qui privilégiait, avec son petit garçon, les jeux que l’on peut faire sans se déplacer. Il lui avait, parmi ceux‐ci, enseigné les tuyaux dans lesquels on souffle, les stylos à bille convertis en tire‐boulettes et donc, déjà, « la sarbacane ».

Mais il y avait aussi dans leurs gènes de grands problèmes cardio‐vasculaires et des allergies, si bien que ce petit garçon – comme le grand bonhomme qu’il est devenu par la suite – aura continué de jouer toute sa vie – et Dieu sait si Laurent était joueur comme un gamin passionné de « galipettes », un mot qu’il affectionnait – mais jamais loin du corps et, plus profondément, des organes dans une conscience aiguë de ce qui circule de mort dans la vie et de vie dans la mort.

Cela marquera tout son travail de plasticien, des premiers dessins aux fibres optiques, du Livre des Nœuds à celui des Rencontres, presque toutes ses sculptures, ainsi que ses monuments pour l’éternité, des Tombes –gong aux Pierres de vie.
C’est également dans les mises en circulation que l’entre‐deux permet qu’il a trouvé son souffle d’auteur. L’écriture du Silence qui parle démarre ainsi dans la dualité pour aboutir à ce qu’il appelait « le trans–paradoxal », par une méditation qui, inspirée par l’époque, était devenue explicite au sein du groupe d’« analyse paradoxale » que j’avais créé en 1981.

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Laurent, Pierre et Kate, le 23 août 2008

Mais Laurent et moi, frères en esprit quoique apparemment différenciés par nos modes d’insertion sociale, nous l’étions en profondeur par notre rapport au corps. Cela nous a fait, en quelque sorte, des vies parallèles, unies à l’infini dans la mystique (et nous l’éprouvions constamment) tout en évoluant à distance, moi principalement du côté du langage et, lui, toujours très près du corps.

Ses domaines de mise en œuvre, vous les connaissez. Dans la continuité des séminaires Terre‐Tao qu’il avait lancés dans les années 80, ce sera le Trans‐Art, le Qi Gong, un assez génial travail sur le Yi King, une fascination pour les phénomènes de synchronicité et, vous le savez tous, Sarbacana, la discipline du souffle et de la décision vécue comme lâcher‐prise.

La mort de Laurent nous invite à lâcher prise encore et encore, comme on respire… toujours lâcher prise, même à Laurent !

Pour en savoir plus sur le parcours de Laurent, voir les sites qu’il a créés, notamment…
http://www.sarbacana.com
http://www.dioptaz.com

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